Les ossements du Hida

À l'initiative du Rishon Letzion Rabbi Yitzhak

NissimZatsal (Que le Souvenir du Juste et Saint soit source de Bénédiction), les ossements de notre Maître Haïm Yossef David Azoulay (dit Le Hida, 1724-1806) ont pu être transférés depuis Livourne (Italie) jusqu'en Erets Israël.
Le Rishon Letzion confia la mission de l’inhumation du Hida au Rav Mordekhaï Eliahou Zatsal. C’est dans ce contexte qu’en date du mardi 17 mai 1960 (20 Iyar 5720) est intervenu le rapatriement des ossements du Hida vers le Mont des répits (Har Hamenouhot) à Jérusalem. Rav Mordekhaï Eliyahou Zatsal demanda au Rav Avraham Maïmon Zatsal, alors âgé de 22 ans, de le suivre et de l’aider dans cette tâche difficile. Ensemble, ils partirent s'immerger dans un mikvé avant de s'occuper de la sépulture du Hida et de son enterrement au cimetière Har Hamenouhot – Givat Shaul. Témoignage du Rav Mordekhaï Tzemah Eliyahou Zatsal
Le 20 Iyar 5720 (17 mai 1960) soit exactement 154 années après son décès, les ossements du Hida furent transférés en terre d'Israël. Le Docteur Salomon Umberto Nakhon, oeuvrant pour l'Agence Juive, s'occupa de faire venir le
caveau d'Italie. Lorsque le cercueil du Hida arriva en Israël, le
Rishon Letzion Rabbi Yitzhak NissimZatsal me désigna afin de m'occuper de l'enterrement.
Cette matinée-là, je me suis immergé dans un mikvé à Jérusalem, et après cela nous avons voyagé en autobus vers l'aéroport. Sur le tarmac attendaient Rabbi Yitzhak Abi’hssira Baba ‘Haki Zatsal et le Rav David
Laniado Zatsal, tous deux également désignés par le Rishon Letzion.
Nous nous sommes mis à la recherche du cercueil que nous ne trouvions pas.
L’un des agents aéroportuaire nous demanda :
« Que recherchez-vous ? ». On nous dirigea vers une pièce, où se trouvait
un petit coffret d'une taille d’environ 50 × 60 cm. « Où est le Hida ? » demandai-je stupéfait. « Le voici devant vous ! Dans le coffre ! » j’entendis. Je me crispai : « Le Hida dans ce coffret ?! ». « Écoutez ! Il y a un scellé sur le coffre ! Je n’ai rien d’autre à vous dire ! » me répondit-on.
« Où est la tête ? Où sont les pieds ? Je veux voir ce qu'il y a à l'intérieur ! » ai-je dit.
Le Docteur Nakhon s'étonna : « À quel titre ? Ce n'est pas nécessaire. ».
Je lui répondis : « Je suis l'émissaire du Rav Ytshak Nissim, j'ai besoin de faire mon travail. Il existe des règles pour s’occuper d’un cercueil et je veux m'assurer que tout
soit en ordre. ». J’ajoutai perplexe : « Le Hida ne disposait-il pas d’un squelette complet ?! Pardonnez-moi ! Un instant. ». À cet endroit, un autre corps était venu de diaspora. Le défunt avait été déplacé de sorte que le cercueil en bois se trouvait vide. Je me servis alors de celui-ci pour y placer le coffret.
Je me tournai ensuite vers les transporteurs du cercueil afin qu'ils ne bougent pas avant mon approbation.
J'emmenai le Rabbin Yitzhak Abi’hssiraZatsal pour un aparté : « Je souhaite voyager avec ton accompagnateur afin de m'immerger dans un Mikvé. Ne faites rien jusqu'à mon retour. ». Après mon immersion au Mikvé, j’entrai dans une quincaillerie et me tournai vers le vendeur lui demandant : « Donnez-moi tous types de tournevis que vous avez. ». Mon attention se porta sur les différents types de vis qui scellaient le coffret et dont nous ignorions les tailles. Nous avions ainsi acquis tous les modèles. Puis je m’empressai de repartir vers l'avion.
À mon retour, j’ordonnai aux personnes présentes de me suivre. Nous nous approchâmes ensemble du coffret métallique. Sur le visage des personnes présentes autour, l’expression d’une tension fut palpable, et le temps sembla s'être arrêté. Chacun suivait dans le silence, la crainte, l’appréhension et la sainteté. Ce n'était pas étonnant car ils avaient face à eux un coffret dans lequel reposaient les ossements sacrés du Hida. Je trouvai l’outil adéquat et commençai à dévisser la première vis du haut. Soudain, un énorme bruit éclata du coffret. Toutes les personnes présentes eurent peur et commencèrent à paniquer quand d’autres s’évanouissent. Je me relevai en m’exprimant hardiment et tremblant : « Hida ! C'est toi qui as écrit qu'il convenait de procéder d’une telle façon, et ainsi j'ai agi conformément à tes paroles. Je demande à ce que le bruit
s'arrête. ».Il y eut un silence. Je continuai à ouvrir le coffret, et soudain un nouveau bruit assourdissant retentit, mais cette fois avec une intensité accrue.
Une fois encore, je suppliai : « Rav Hida ! C'est toi qui as écrit que l’on n’est pas tenu de monter une sépulture
vers Israël à l’exception toutefois d’une personne qui vivait en terre sainte où c’est alors une mitsva de la rapatrier.
J'ai fait exactement selon tes paroles ! ».
À l'ouverture du coffret, j'entreposai les ossements dans le cercueil en bois, et à bout de
souffle j’implorai le Hida : « Rav Hida ! Rav Hida ! Je ne parviens pas à te reconstituer. Reconstitue-toi ! ».
Mes mains tâtèrent alors les ossements qui s’étaient déplacés d’eux-mêmes dans le cercueil pour former un squelette intégral.
À cet instant, je dis au Rav Avraham Maïmon :
" De même que tu m'as aidé à sortir et reconstituer les ossements de notre Maître Le Hida, tu mériteras longévité
en jours et années et seras enterré à proximité de notre Maître Le Hida. Moi aussi, je verrai mes jours prolongés
et serai enterré à proximité de notre Maître Le Hida.
Poursuivons ! Le Hida doit être enterré à même la terre.".

Ses paroles s’exaucèrent pleinement.
Rav Mordekhaï Eliyahou partit à l'âge de 81 ans et fut enterré à l'arrière de la stèle du Hida.
Rav Avraham MaïmonZatsal quitta ce monde à l'âge de 82 ans et repose désormais à l'arrière de la stèle du Rav Mordekhaï EliyahouZatsal, à proximité immédiate du Hida.
Références : Extrait de l’oraison funèbre prononcé par Rav David BerdahChalita le Vendredi 26 août 2022 (29 Av 5782) à Givat Shaul – Jérusalem à l’occasion des obsèques du Rav Avraham Maïmon ben HanounZatsal
Retranscrit par le magazine Keter Melukha – Éditions Institutions Kisse Rahamim (Tichri 5783 - p40 à 41)
& Témoignage du Rav Mordekhaï Eliyahou Zatsal en 2006 (5766) sur yeshiva.org.il et diffusé sur YouTube